Cette scène se passe dans les années 1960, années de jeunesse dont Hou Hsiao-hsien garde la nostalgie. C’est l’ouverture du film. Le jeune homme, Chen, fréquente les salles de billard tenues par des jeunes femmes qui servent aussi de partenaires aux joueurs solitaires. Dans cette scène lui et May ne se connaissent pas ; Leur rencontre amoureuse va être timide et silencieuse. Contrairement aux autres scènes sur le même sujet, il n’y aura aucun contact ni aucune parole entre eux. Le filmage de Hou Hsiao-hsien hérite d’un principe fondamental de l’art traditionnel chinois : l’émotion ne réside pas dans les figures mais dans l’intervalle entre les figures. Contrairement aux codes du cinéma occidental, la caméra ne s’arrête jamais longtemps sur les personnages du garçon et de la fille, l’essentiel de ce que l’on voit à l’écran est le parcours de la bille sur le tapis vert. Le cadreur avait pour mission de passer en douceur du garçon à la fille sans s’y fixer. Mission difficile car il lui fallait en même temps suivre la boule, au parcours imprévisible, tenir le point sur elle et faire des allers-retours entre les deux personnages. À la fin de la séquence, malgré tout, le garçon et la fille se retrouvent pour la première fois assez proches l’un de l’autre dans le même cadre. La scène est filmée en deux plans-séquences virtuoses et dure exactement le temps de la chanson mélancolique qui court sur la bande-son en même temps que la balle sur le tapis du billard, Smoke gets in your eyes des Platters.
Commentaire
Cette scène se passe dans les années 1960, années de jeunesse dont Hou Hsiao-hsien garde la nostalgie. C’est l’ouverture du film. Le jeune homme, Chen, fréquente les salles de billard tenues par des jeunes femmes qui servent aussi de partenaires aux joueurs solitaires. Dans cette scène lui et May ne se connaissent pas ; Leur rencontre amoureuse va être timide et silencieuse. Contrairement aux autres scènes sur le même sujet, il n’y aura aucun contact ni aucune parole entre eux. Le filmage de Hou Hsiao-hsien hérite d’un principe fondamental de l’art traditionnel chinois : l’émotion ne réside pas dans les figures mais dans l’intervalle entre les figures. Contrairement aux codes du cinéma occidental, la caméra ne s’arrête jamais longtemps sur les personnages du garçon et de la fille, l’essentiel de ce que l’on voit à l’écran est le parcours de la bille sur le tapis vert. Le cadreur avait pour mission de passer en douceur du garçon à la fille sans s’y fixer. Mission difficile car il lui fallait en même temps suivre la boule, au parcours imprévisible, tenir le point sur elle et faire des allers-retours entre les deux personnages. À la fin de la séquence, malgré tout, le garçon et la fille se retrouvent pour la première fois assez proches l’un de l’autre dans le même cadre. La scène est filmée en deux plans-séquences virtuoses et dure exactement le temps de la chanson mélancolique qui court sur la bande-son en même temps que la balle sur le tapis du billard, Smoke gets in your eyes des Platters.