Sueurs froides

Vertigo

Alfred Hitchcock, Etats-Unis, 1958

Commentaire

Dans cette séquence, qui met pourtant en scène beaucoup de personnages, Hitchcock a contrôlé la couleur comme un peintre pourrait le faire. Il veut qu’au milieu de tous ces gens qui dînent on regarde immédiatement la femme pour laquelle l’homme a un coup de foudre, et elle seule. Pour cela il va utiliser le fond rouge qui tapisse tous les murs du restaurant, habiller tous les figurants avec des costumes noirs ou sombres.

Une seule tache de couleur attire immédiatement notre regard, c’est la robe verte de Kim Novak, brillante, surmontée par la tache blanche, sur-éclairée, de son dos et de ses cheveux blonds. Toutes les autres femmes sont brunes ou ont les cheveux cachés par des chapeaux pour qu’il y ait une seule blonde dans la scène.

Plus tard, quand elle offre, à l’arrêt et en gros plan, son profil de médaille à James Stewart, Hitchcock fait un geste pictural d’une incroyable audace : il modifie, sans aucune raison réaliste, le rouge du mur du fond qui devient plus clair, plus lumineux, et redevient normal, comme si l’émotion amoureuse de James Stewart altérait la nature même du décor. La tapisserie change de couleur dans la durée même du plan pour refléter le bouleversement intérieur du personnage. Le rouge palpite.