Le lieu éponyme, un skatepark de Portland, est remémoré ici grâce à l'écriture dans son cahier du jeune Alex. L'endroit est donc vu à travers le prisme du souvenir, et commenté par le texte écrit devenu voix off, à l'aune d'un drame qui s'est joué dans la vie de l'adolescent et dont il ne sait pas encore quoi faire. Un vrai temps a paru nécessaire au cinéaste pour ancrer la situation d'écriture au bureau, avec plusieurs mini-actions : le personnage sort du champ, puis y rentre une boisson à la main, allume la lumière, etc. La voix permet au montage d'enchaîner vers le skatepark, d'abord montré derrière un grillage que la caméra longe, extérieure, avant de glisser jusqu'au corps accroupi de dos du héros avec son camarade. Le mouvement de caméra (un panoramique associé à un travelling) a permis de détailler les courbes de l'architecture, les graffitis, les spectateurs, les codes vestimentaires, et bien sûr les skateurs en mouvement qui entrent et sortent du champ ; on découvre ainsi dans un endroit délimité toute une communauté reliée par une (contre-)culture - le grillage les isole du monde habituel. Gus Van Sant a d'ailleurs choisi ses acteurs amateurs parmi les skateurs. La voix off du jeune homme racontera comment ce lieu a été créé et inventé par de jeunes marginaux, sans autorisation. On est donc d'abord à une distance descriptive, puis introduits dans un univers à la fois mental et sensoriel, avec le visage d'Alex en gros plan, suivi de plans rapprochés de skateurs. L'utilisation du flou puis du ralenti, le travail musical et sonore non réaliste font basculer dans un monde singulier de perceptions inédites et suspendues qui happent et séduisent le jeune protagoniste, comme les spectateurs.
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Le lieu éponyme, un skatepark de Portland, est remémoré ici grâce à l'écriture dans son cahier du jeune Alex. L'endroit est donc vu à travers le prisme du souvenir, et commenté par le texte écrit devenu voix off, à l'aune d'un drame qui s'est joué dans la vie de l'adolescent et dont il ne sait pas encore quoi faire. Un vrai temps a paru nécessaire au cinéaste pour ancrer la situation d'écriture au bureau, avec plusieurs mini-actions : le personnage sort du champ, puis y rentre une boisson à la main, allume la lumière, etc. La voix permet au montage d'enchaîner vers le skatepark, d'abord montré derrière un grillage que la caméra longe, extérieure, avant de glisser jusqu'au corps accroupi de dos du héros avec son camarade. Le mouvement de caméra (un panoramique associé à un travelling) a permis de détailler les courbes de l'architecture, les graffitis, les spectateurs, les codes vestimentaires, et bien sûr les skateurs en mouvement qui entrent et sortent du champ ; on découvre ainsi dans un endroit délimité toute une communauté reliée par une (contre-)culture - le grillage les isole du monde habituel. Gus Van Sant a d'ailleurs choisi ses acteurs amateurs parmi les skateurs. La voix off du jeune homme racontera comment ce lieu a été créé et inventé par de jeunes marginaux, sans autorisation. On est donc d'abord à une distance descriptive, puis introduits dans un univers à la fois mental et sensoriel, avec le visage d'Alex en gros plan, suivi de plans rapprochés de skateurs. L'utilisation du flou puis du ralenti, le travail musical et sonore non réaliste font basculer dans un monde singulier de perceptions inédites et suspendues qui happent et séduisent le jeune protagoniste, comme les spectateurs.