Makala est un film documentaire qui suit le parcours sans commentaire, sans intervention aucune, le parcours d’un jeune homme qui fabrique du charbon (Makala), au Congo. La caméra, portée à l’épaule, dévoile un étrange attelage : depuis la route sèche et poussiéreuse, elle remonte pour dévoiler la silhouette d’un homme adossé à une charge beaucoup plus lourde et haute que lui : un improbable échafaudage de sacs posés sur un vélo de fortune, qu’il peine à maîtriser. La caméra suit l’homme de très près, le son de sa respiration, courte, saccadée, envahit le champ sonore. Face à un obstacle, la route qui monte, l’homme semble hésiter : les plans serrés qui se succèdent, documentent et captent, en réalité, le doute, puis l’effort surhumain qui arcboute le corps jusqu’à l’épuisement, le geste harassant puisé dans ses dernières forces pour surmonter la difficulté. La proximité de la caméra, le travail sur le son et la lumière nous font ressentir de près les sensations liées au paysage qu’il traverse : le soleil qui décline, la poussière qui se soulève. Un plan de recul, au milieu de l’extrait, révèle la silhouette de l’homme, isolé dans la savane, dont la tâche semble soudain à la fois titanesque et dérisoire, lui donnant le visage tragique de Sysiphe. Par ses choix radicaux, caméra très présente, découpage et montage très précis, absence totale de commentaire, le réalisateur révèle la dimension tragique du quotidien de cet homme, dont le gagne-pain s’apparente à un chemin de croix. Il peut aussi provoquer chez le spectateur autant l’empathie que la gêne, un questionnement face à ce parti pris.
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Makala est un film documentaire qui suit le parcours sans commentaire, sans intervention aucune, le parcours d’un jeune homme qui fabrique du charbon (Makala), au Congo. La caméra, portée à l’épaule, dévoile un étrange attelage : depuis la route sèche et poussiéreuse, elle remonte pour dévoiler la silhouette d’un homme adossé à une charge beaucoup plus lourde et haute que lui : un improbable échafaudage de sacs posés sur un vélo de fortune, qu’il peine à maîtriser. La caméra suit l’homme de très près, le son de sa respiration, courte, saccadée, envahit le champ sonore. Face à un obstacle, la route qui monte, l’homme semble hésiter : les plans serrés qui se succèdent, documentent et captent, en réalité, le doute, puis l’effort surhumain qui arcboute le corps jusqu’à l’épuisement, le geste harassant puisé dans ses dernières forces pour surmonter la difficulté. La proximité de la caméra, le travail sur le son et la lumière nous font ressentir de près les sensations liées au paysage qu’il traverse : le soleil qui décline, la poussière qui se soulève. Un plan de recul, au milieu de l’extrait, révèle la silhouette de l’homme, isolé dans la savane, dont la tâche semble soudain à la fois titanesque et dérisoire, lui donnant le visage tragique de Sysiphe. Par ses choix radicaux, caméra très présente, découpage et montage très précis, absence totale de commentaire, le réalisateur révèle la dimension tragique du quotidien de cet homme, dont le gagne-pain s’apparente à un chemin de croix. Il peut aussi provoquer chez le spectateur autant l’empathie que la gêne, un questionnement face à ce parti pris.