Si la course poursuite est une figure classique du cinéma burlesque, Buster Keaton nous en livre ici une version virtuose. Ici rien n’est truqué (sauf un mannequin qui prend la place du comédien dans l’arbre, le temps d’une coupe). Même si nous savons que les rochers sont faux, par exemple, les actions qu’enchaîne sous nos yeux l’acteur sont bien réelles, et sont autant de performances physiques : enjamber un précipice, dégringoler d’un arbre, se jeter d’une colline, la tête la première… La largeur des plans, comme le choix d’une séquence assez peu découpée ont ici valeur de preuve, et nous sommes comme le personnage littéralement pris dans cette course haletante à l’issue incertaine : en effet, si les rochers qui menacent d’ensevelir Jimmie sont faux, l’acteur doit bien les éviter en réalité, avec une vélocité, un instinct et une inventivité qui nous ravissent. Car dans cette forte pente, il ne peut anticiper la trajectoire des rochers et doit faire preuve d’inventivité et d’audace pour les éviter. Les fréquents changements d’axes et recadrages nous permettent de ne rien perdre de ce spectacle, de parfois voir arriver le danger avec un temps d’avance sur le personnage. Nous regardons ce corps ultra-mobile, pris dans une mécanique folle, accomplir des prouesses pour échapper à la catastrophe qu’il a lui-même déclenchée, oscillant entre admiration et crainte pour le personnage, comme pour le comédien qui l’incarne : Buster Keaton, véritable acrobate et casse-cou, qui a plusieurs fois frôlé la mort au cours de sa carrière.
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Si la course poursuite est une figure classique du cinéma burlesque, Buster Keaton nous en livre ici une version virtuose. Ici rien n’est truqué (sauf un mannequin qui prend la place du comédien dans l’arbre, le temps d’une coupe). Même si nous savons que les rochers sont faux, par exemple, les actions qu’enchaîne sous nos yeux l’acteur sont bien réelles, et sont autant de performances physiques : enjamber un précipice, dégringoler d’un arbre, se jeter d’une colline, la tête la première… La largeur des plans, comme le choix d’une séquence assez peu découpée ont ici valeur de preuve, et nous sommes comme le personnage littéralement pris dans cette course haletante à l’issue incertaine : en effet, si les rochers qui menacent d’ensevelir Jimmie sont faux, l’acteur doit bien les éviter en réalité, avec une vélocité, un instinct et une inventivité qui nous ravissent. Car dans cette forte pente, il ne peut anticiper la trajectoire des rochers et doit faire preuve d’inventivité et d’audace pour les éviter. Les fréquents changements d’axes et recadrages nous permettent de ne rien perdre de ce spectacle, de parfois voir arriver le danger avec un temps d’avance sur le personnage. Nous regardons ce corps ultra-mobile, pris dans une mécanique folle, accomplir des prouesses pour échapper à la catastrophe qu’il a lui-même déclenchée, oscillant entre admiration et crainte pour le personnage, comme pour le comédien qui l’incarne : Buster Keaton, véritable acrobate et casse-cou, qui a plusieurs fois frôlé la mort au cours de sa carrière.