Dans cette séquence d’ouverture, Nicholas Ray nous plonge au cœur d’une situation dont nous ne savons rien. Qui sont ces hommes ? Quels sont leurs rapports ? Où vont-ils ? Il nous montre des actions sans nous avoir donné au préalable les informations qui permettraient de les comprendre. Nous voyons bien l’urgence et la fébrilité de ces hommes qui ont l’air en fuite, mais sans en connaître la cause. Ce qui est d’abord un groupe indistinct de quatre hommes va malgré tout se préciser. Le chauffeur n’appartient pas au groupe des trois autres et un geste de celui qui a l’air d’être le chef laisse entendre qu’il s’apprête à l’exécuter car, dit-il, « il parle trop » et ils le tiennent visiblement pour responsable de l’éclatement du pneu.
C’est à nous, spectateur, de relier au fur et à mesure les bribes d’informations pour essayer de décrypter la situation : ces hommes sont sans doute en cavale et ont forcé le propriétaire de la voiture à les transporter vers leur destination.
Le cinéaste veut nous signifier, dès la première scène, la violence de ces deux hommes qui vont brutaliser le chauffeur. Mais il ne veut pas nous montrer directement cette violence. L’action se passe au sol, masqué par la voiture, et nous ne voyons que le haut du corps des agresseurs. Nous entendons les coups sans voir la victime les recevoir, et Ray nous en montre seulement le résultat lorsque deux des agresseurs remontent son corps pour le déposer, inerte, dans la voiture. Il applique le principe de mise en scène qui consiste à montrer l’effet mais pas la cause d’une action, laissant le spectateur imaginer ce qu’il n’a pas vu.
Un plan étrange isole du groupe un des trois hommes, celui qui est resté dans la voiture, en train de se pencher pour voir les coups portés au chauffeur. Ce genre de plan appelle un raccord-regard où l’on verrait ce qu’il voit, mais Nicholas Ray nous en privera par morale de cinéaste.
Commentaire
Dans cette séquence d’ouverture, Nicholas Ray nous plonge au cœur d’une situation dont nous ne savons rien. Qui sont ces hommes ? Quels sont leurs rapports ? Où vont-ils ? Il nous montre des actions sans nous avoir donné au préalable les informations qui permettraient de les comprendre. Nous voyons bien l’urgence et la fébrilité de ces hommes qui ont l’air en fuite, mais sans en connaître la cause. Ce qui est d’abord un groupe indistinct de quatre hommes va malgré tout se préciser. Le chauffeur n’appartient pas au groupe des trois autres et un geste de celui qui a l’air d’être le chef laisse entendre qu’il s’apprête à l’exécuter car, dit-il, « il parle trop » et ils le tiennent visiblement pour responsable de l’éclatement du pneu.
C’est à nous, spectateur, de relier au fur et à mesure les bribes d’informations pour essayer de décrypter la situation : ces hommes sont sans doute en cavale et ont forcé le propriétaire de la voiture à les transporter vers leur destination.
Le cinéaste veut nous signifier, dès la première scène, la violence de ces deux hommes qui vont brutaliser le chauffeur. Mais il ne veut pas nous montrer directement cette violence. L’action se passe au sol, masqué par la voiture, et nous ne voyons que le haut du corps des agresseurs. Nous entendons les coups sans voir la victime les recevoir, et Ray nous en montre seulement le résultat lorsque deux des agresseurs remontent son corps pour le déposer, inerte, dans la voiture. Il applique le principe de mise en scène qui consiste à montrer l’effet mais pas la cause d’une action, laissant le spectateur imaginer ce qu’il n’a pas vu.
Un plan étrange isole du groupe un des trois hommes, celui qui est resté dans la voiture, en train de se pencher pour voir les coups portés au chauffeur. Ce genre de plan appelle un raccord-regard où l’on verrait ce qu’il voit, mais Nicholas Ray nous en privera par morale de cinéaste.