Kiarostami filme un homme seul qui regarde, scrute, cherche et qui pourtant ne voit rien de la beauté somptueuse autour de lui. Du monde autour, il ne perçoit que des fragments, qui, loin de faire sens, semblent le renvoyer toujours à sa propre impuissance. Cette incapacité à voir et à comprendre, sa frustration s’expriment à travers ce jeu cruel avec la tortue, qu’il retourne plusieurs fois comme pour affirmer son emprise sur un réel qui lui échappe. Ce monde lui dicte ses propres règles, pourtant, quand il doit s’arrêter pour laisser passer un troupeau de moutons auxquels il ne prête aucune attention, que nous voyons progresser en profondeur de champ, à travers les vitres du véhicule. Les chiens qui courent et s’ébattent, la tortue qui finit par se retourner et poursuivre sa route, les moutons qui traversent : les animaux, dans leur altérité, leur réalité (on entend même le souffle de la tortue), l’imprévisibilité de leurs réactions sont bien présents au monde : un changement d’échelle de plans dévoile au spectateur un paysage immense, la lumière douce et le vent sur les collines ; à l’inverse de son personnage, dont l’univers semble rétréci, le réalisateur voit et filme le monde qui est là, offert à notre regard, figé dans une éternité immuable. Notre passage y est fugace, la trace que nous y laisserons ténue, à l’instar de cette voiture qui disparaît progressivement derrière les champs de blé, comme engloutie.
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Kiarostami filme un homme seul qui regarde, scrute, cherche et qui pourtant ne voit rien de la beauté somptueuse autour de lui. Du monde autour, il ne perçoit que des fragments, qui, loin de faire sens, semblent le renvoyer toujours à sa propre impuissance. Cette incapacité à voir et à comprendre, sa frustration s’expriment à travers ce jeu cruel avec la tortue, qu’il retourne plusieurs fois comme pour affirmer son emprise sur un réel qui lui échappe. Ce monde lui dicte ses propres règles, pourtant, quand il doit s’arrêter pour laisser passer un troupeau de moutons auxquels il ne prête aucune attention, que nous voyons progresser en profondeur de champ, à travers les vitres du véhicule. Les chiens qui courent et s’ébattent, la tortue qui finit par se retourner et poursuivre sa route, les moutons qui traversent : les animaux, dans leur altérité, leur réalité (on entend même le souffle de la tortue), l’imprévisibilité de leurs réactions sont bien présents au monde : un changement d’échelle de plans dévoile au spectateur un paysage immense, la lumière douce et le vent sur les collines ; à l’inverse de son personnage, dont l’univers semble rétréci, le réalisateur voit et filme le monde qui est là, offert à notre regard, figé dans une éternité immuable. Notre passage y est fugace, la trace que nous y laisserons ténue, à l’instar de cette voiture qui disparaît progressivement derrière les champs de blé, comme engloutie.