Il s'agit dans cette scène de deux personnages qui sont tombés amoureux l'un de l'autre pendant une traversée de l'Atlantique sur un paquebot de luxe. Ils ne peuvent pas céder à cette attirance car elle est mariée, et lui est attendu à l'arrivée par sa riche fiancée. Au début de l'extrait, sur le pont du bateau, et sur fond d'étoiles, le dialogue anodin sur la journée qu'il vienne de passer est une façon de cacher leur sentiment amoureux. L'homme se rapproche de la femme, comme pour un baiser de happy end sous les étoiles, mais elle se dérobe en lui disant « marchons un peu ». Ils s'engagent alors dans l'escalier où la caméra les attend à l'étage inférieur pour un long plan-séquence qui va aller jusqu'à leur séparation à la fin de la scène. Le masquage a souvent servi dans le cinéma classique à évoquer une scène sexuelle, ou même la simple nudité, que la censure aurait interdite. L'exemple le plus fréquent est le plan-cliché où le couple se dirige vers le lit et où la caméra fait un panoramique sur le feu de cheminée pour cacher la scène sexuelle et en montrer la métaphore : le feu de la passion. Rien de tel ici. D'abord ce que nous aurions pu voir n'a rien de transgressif ni de moralement immontrable : c'est un baiser classique et romantique comme il y en a des milliers dans le cinéma hollywoodien. Il ne s'agit donc ici pas de censure ni d'autocensure, mais d'une figure de style très élégante choisie par le réalisateur à l'attention du spectateur. L'autre étrangeté de ce plan, c'est que ce n'est pas la caméra (l'énonciation) qui décadre pour ne pas montrer la scène, mais les personnages eux-mêmes qui se décadrent comme s'ils voulaient se cacher, par pudeur, de la caméra et du spectateur. Ils préservent ainsi l'intimité d'une relation à laquelle ils ne se sont pas donné droit et qui doit rester secrète. Le couple arrive en bas de l'escalier et s'immobilise dans le cadre, l'homme en entier et la femme coupée à la taille. Elle remonte alors en arrière d'une marche et engage l'homme dont elle tient la main, à en faire de même. Le baiser sera donc filmé en plan taille, mais sur la partie inférieure de leurs corps, inversant l'usage du plan taille sur le haut du corps et les visages des partenaires du baiser de cinéma classique.
Commentaire
Il s'agit dans cette scène de deux personnages qui sont tombés amoureux l'un de l'autre pendant une traversée de l'Atlantique sur un paquebot de luxe. Ils ne peuvent pas céder à cette attirance car elle est mariée, et lui est attendu à l'arrivée par sa riche fiancée.
Au début de l'extrait, sur le pont du bateau, et sur fond d'étoiles, le dialogue anodin sur la journée qu'il vienne de passer est une façon de cacher leur sentiment amoureux.
L'homme se rapproche de la femme, comme pour un baiser de happy end sous les étoiles, mais elle se dérobe en lui disant « marchons un peu ». Ils s'engagent alors dans l'escalier où la caméra les attend à l'étage inférieur pour un long plan-séquence qui va aller jusqu'à leur séparation à la fin de la scène.
Le masquage a souvent servi dans le cinéma classique à évoquer une scène sexuelle, ou même la simple nudité, que la censure aurait interdite. L'exemple le plus fréquent est le plan-cliché où le couple se dirige vers le lit et où la caméra fait un panoramique sur le feu de cheminée pour cacher la scène sexuelle et en montrer la métaphore : le feu de la passion.
Rien de tel ici. D'abord ce que nous aurions pu voir n'a rien de transgressif ni de moralement immontrable : c'est un baiser classique et romantique comme il y en a des milliers dans le cinéma hollywoodien. Il ne s'agit donc ici pas de censure ni d'autocensure, mais d'une figure de style très élégante choisie par le réalisateur à l'attention du spectateur. L'autre étrangeté de ce plan, c'est que ce n'est pas la caméra (l'énonciation) qui décadre pour ne pas montrer la scène, mais les personnages eux-mêmes qui se décadrent comme s'ils voulaient se cacher, par pudeur, de la caméra et du spectateur. Ils préservent ainsi l'intimité d'une relation à laquelle ils ne se sont pas donné droit et qui doit rester secrète.
Le couple arrive en bas de l'escalier et s'immobilise dans le cadre, l'homme en entier et la femme coupée à la taille. Elle remonte alors en arrière d'une marche et engage l'homme dont elle tient la main, à en faire de même.
Le baiser sera donc filmé en plan taille, mais sur la partie inférieure de leurs corps, inversant l'usage du plan taille sur le haut du corps et les visages des partenaires du baiser de cinéma classique.