À peine arrivée au seuil du jardin de la grand-mère, un sentiment d'évidence est ressenti par Terry : elle découvre le lieu pour la première fois (contrairement à Nickie qui, lui, y a des souvenirs), et l'endroit lui apparaît aussitôt comme un petit paradis propice à la douceur et au repos. Les différents axes choisis pour observer le lieu nous montrent en effet arbres et fleurs, bassin, banc. Dans le premier plan d'arrivée, la situation du lieu, surélevé par rapport au port et au village, est très claire ; puis le deuxième plan, plutôt large et en mouvement, accompagne les personnages dans leur arrivée : il permet ainsi au spectateur de comprendre très bien l'espace, et ses différents parties (le jardin, la chapelle, le salon). Nous assistons à une petite série de circulations dans ce jardin, d'allers et venues, ou d'entrées et de sorties, qui, comme sur une scène de théâtre, font évoluer les personnages parfois tout seuls, ou à deux ou bien à trois. Le montage est ailleurs plus découpé, par exemple quand il montre ce que Nickie désigne : la porte de la chapelle qui se situe quelques marches au-dessus du jardin. McCarey retarde ainsi l'apparition de la grand-mère, ce qui permet aux deux personnages principaux, ainsi qu'à nous spectateurs, de prendre le temps de simplement regarder le lieu, et, pour Nickie, de laisser remonter les souvenirs, d'installer un moment privilégié et calme entre elle et lui, propre aux confidences, à l'intimité (sur leur croisière, ils passent leur temps à essayer d'échapper aux regards curieux). Nickie peut alors raconter l'histoire de sa grand-mère à Terry. Le chien - au nom choisi : Fidel -, gardien de la chapelle, est une présence animale, qui apporte aussi une autre temporalité, c'est un témoin de la relation passée de Nickie au lieu. Enfin, l'arrivée de la grand-mère dans le jardin (sur la scène) contraint Nickie à préciser ses intentions sur son futur mariage et à mettre à jour sa vie présente. La confusion de la grand-mère (pensant d'abord que Terry est sa fiancée) autorise, dans une sorte de malice, à ce que ce couple illégitime se rapproche (alors que chacun est promis à quelqu'un d'autre). Passé, présent et futur sont ainsi contenus dans cette séquence, et sont rassemblés grâce à ce lieu, à part du monde, propre aux souvenirs.
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À peine arrivée au seuil du jardin de la grand-mère, un sentiment d'évidence est ressenti par Terry : elle découvre le lieu pour la première fois (contrairement à Nickie qui, lui, y a des souvenirs), et l'endroit lui apparaît aussitôt comme un petit paradis propice à la douceur et au repos. Les différents axes choisis pour observer le lieu nous montrent en effet arbres et fleurs, bassin, banc. Dans le premier plan d'arrivée, la situation du lieu, surélevé par rapport au port et au village, est très claire ; puis le deuxième plan, plutôt large et en mouvement, accompagne les personnages dans leur arrivée : il permet ainsi au spectateur de comprendre très bien l'espace, et ses différents parties (le jardin, la chapelle, le salon). Nous assistons à une petite série de circulations dans ce jardin, d'allers et venues, ou d'entrées et de sorties, qui, comme sur une scène de théâtre, font évoluer les personnages parfois tout seuls, ou à deux ou bien à trois. Le montage est ailleurs plus découpé, par exemple quand il montre ce que Nickie désigne : la porte de la chapelle qui se situe quelques marches au-dessus du jardin. McCarey retarde ainsi l'apparition de la grand-mère, ce qui permet aux deux personnages principaux, ainsi qu'à nous spectateurs, de prendre le temps de simplement regarder le lieu, et, pour Nickie, de laisser remonter les souvenirs, d'installer un moment privilégié et calme entre elle et lui, propre aux confidences, à l'intimité (sur leur croisière, ils passent leur temps à essayer d'échapper aux regards curieux). Nickie peut alors raconter l'histoire de sa grand-mère à Terry. Le chien - au nom choisi : Fidel -, gardien de la chapelle, est une présence animale, qui apporte aussi une autre temporalité, c'est un témoin de la relation passée de Nickie au lieu. Enfin, l'arrivée de la grand-mère dans le jardin (sur la scène) contraint Nickie à préciser ses intentions sur son futur mariage et à mettre à jour sa vie présente. La confusion de la grand-mère (pensant d'abord que Terry est sa fiancée) autorise, dans une sorte de malice, à ce que ce couple illégitime se rapproche (alors que chacun est promis à quelqu'un d'autre). Passé, présent et futur sont ainsi contenus dans cette séquence, et sont rassemblés grâce à ce lieu, à part du monde, propre aux souvenirs.